Un passage avait été laissé ouvert intentionnellement dans la haie de bambous qui séparait nos deux maisons afin que l'on puisse se cotôyer plus facilement. Mes souvenirs de la petite enfance me ramènent inlassablement vers ces diners que l'on faisait dans le jardin et le va-et-vient incessant entre nos deux demeures.Entendre ces sonorités au goût d'eternité dans ma tête me rend triste et heureux à la fois.L'amitié à portée de coeur n'a pas de prix et ne connait pas la solitude.
Les grands dimunes m'ont laissé leur histoire et j'aime me la raconter en voiture seul, le matin.C'est mon moment privilégié à moi. Je revois les éclats de rires d'hier et j'entrevois les valeurs de demain que je transmettrai à Sid. D'ici vingt ans, au volant de sa voiture, certaines pensées lui seront comme un langage familier et le soleil, le vrai, n'ornera pas le ciel car il sera collé au coin de ses lèvres.
La vie ne restitue rien, elle ne fait que passer en nous observant et nous ne faisons que respirer sa légèreté et parfois son étrangeté jusqu'à ce que ne subsiste plus qu'un simple sentiment...la nostalgie.
Ce soir je revendique le droit à la mélancolie, pas celle qui écrase sous le poids de l'émotion, mais celle qui libère et qui affranchi des peines.