Sunday 9 May 2021

Avoir été.

Le temps était splendide aujourd'hui. Un vrai beau temps de mai qui bizarrement n'a pas su m'appâter. Ayant conscience que mes mouvements seraient restreints à l'extérieur et que l'inaccessibilité à certains lieux allait entamer ma bonne humeur j'ai préféfé m'enfermer à la maison à rire des sketchs du tandem De Caunes - Garcia à la grande époque de Nulle Part Ailleurs. Qu'est-ce qu'ils étaient bien ficelés leurs textes, putain! un humour à la française parfois un peu irrévérencieux mais toujours tellement drôle. Certes, pas du Devos, mais vraiment, alors là vraiment, marrants car très inspirés. 

Mon cerveau enregistre beaucoup d'informations ces derniers temps. J'ignorais qu'il fût assez vaste pour contenir toute cette rimbambelle d'idées et forger des opinions aussi diverses mais chaque soir quand je parle à Antish, je lui formule tout ce que j'ai observé de ma journée et je me transforme en cette espèce de moulin à paroles qui n'en finit pas de vomir des phrases. Souvent dans ces moments je souhaite qu'une cloche sonne et me ramène à une paranthèse plus calme et apaisée. Je crois que j'ai besoin d'un grand galop à perdre haleine, besoin d'échapper aux prévisions de la logique, besoin de croire que ce nouveau monde qui se dessine dans mon quotidien n'est pas aussi effrayant qu'il en a l'air, besoin de croire en quelquechose de meilleur que la vérité.

Une année est passée, et à chaque palier nous avons essayé de nous persuader que le pire était derrière nous, sauf que la réalité, elle, nous a à chaque fois rattrapée comme pour nous rappeler que rien ne pourra être comme avant et qu'il est temps de choisir un camp. Lequel? je ne le sais pas encore très bien. Nous nous sommes enfermés dans des ghettos de la pensée bâtis sur des formules toutes faites pendant des decénnies et voilà que sur ce quai de gare nous cherchons confusément et en vain les trains en partance pour la destination que nous souhaiterions. Mais de destination il n'y en a point et à la place, il ne reste que des traversées dures, laborieuses et longues.

Il faut accepter et non se résigner que tout est dans l'ordre des choses. En classe, nous discutons inlassablement, semaine après semaine, de la responsabilité que nous avons envers nous mêmes et de celle que nous avons envers les autres. Cette simple pensée ne devrait-elle pas être le plus précieux des outils qui nous permettrait d'avancer? Pourquoi, au contraire, nous freine-t-elle autant? Prendre à bras le corps notre rôle, aussi simple et effacé soit-il, ne serait-il pas un début de solution qui nous permettrait de nous mettre enfin en résonance les uns aux autres? Que reste-t-il à transmettre à la génération à venir? ou plus important encore qu'avons nous à receuillir et à apprendre d'elle? Nous occupons une planète abîmée par la pandémie et nous essayons de sortir de ce sommeil trouble et agité en nous raccrochant aux souvenirs d'une vie passée alors que les jours qui nous attendent ne demandent qu'à être façonnés  comme de l'argile. 

Dans l'histoire de l'humanité nous 'fûmes' et nous 'avons été' . Aujourd'hui, comme à chaque grand tourbillon dans l'espace temps, il nous faut une fois de plus 'être' sans pour autant savoir comment faire.



Douze petites minutes

Quatre rues séparent ma maison de C hez Ram où trois pains maison chauds chauds  m'attendent tous les matins. Cinq minutes à pieds pour ...