Comment passer une vie à essayer de donner un sens à sa vie

J'ai parlé à Mike samedi soir et il m'a dit qu'en contractant le virus une seconde fois, cela l'a affaibli. Il m'a confié qu'il s'était réveillé en sentant son coeur lâcher. Mone senti moi pe aller, mone penser c'est la fin... Son medecin parle d'inflammation du coeur, un des effets secondaires du variant anglais. 

J'ai du mal à m'exprimer à propos de cette situation. Cela m'inquiète, cela me tracasse. J'ai lu le mail qu'il a adressé à sa psy.  Mettre de l'ordre dans sa vie alors qu'il est physiquement diminué, saura-t-il y parvenir?  S'il devait être le protaganiste principal d'un livre, je l'intitulerai 'Mike ou comment passer une vie à essayer de donner un sens à sa vie’. C'est comme si il attendait que tous les éléments soient réunis pour enfin commencer à vivre. Il recherche l'équilibre parfait, cette harmonie où tout doit être bien câlé à sa place afin de se dire oui, ça y est, on y est . Sauf que...

Sauf que ces moments éphémères sont ce que font une vie. Elles ne sont pas la vie. La vie, elle, est faite de fractures, de brisures, de choses irréparables, de débarras, de renoncements. Tout cela afin de pouvoir mieux avancer, grandir, accepter et comprendre.

Mais je ne suis pas là pour lui faire la leçon, je suis là pour l'encourager, le soutenir et l'aimer ainsi que le font les amis.  Je suis le témoin d'un mariage qui se désintègre, d'une histoire qui se termine dans l'amertume et cela me navre. L'époux qui n'a pas tout dit et l'épouse qui cherchait dans son mari un prince charmant qui la sauverait et qui lui fournirait une vie de rêve. Deux illusions entrechoquées.

Accepter qu'il n'y a plus rien à sauver de ce mariage et avancer sans culpabiliser. You both gave your best shot but you just were not meant to be together.

"Même si la vie n'a pas de sens, qu'est-ce qui nous empêche de lui en inventer un?" écrivait Lewis Carroll.

Bientôt 11 ans que j'ai créé ce blog et je réalise que je l’ai fait uniquement pour justifier mes pensées, pour donner un sens à ma perception des choses, pour justifier ma façon de voir la vie, pour valider mes opinions, pour valider la personne que je suis, pour qu'on ne puisse  pas me contredire ou contrefaire, pour me complaire dans mon illusion à moi. Ici, je règne en maître et souverain absolu. Je n'ai aucun vis-à-vis, aucun contre-poids, personne pour me juger, personne à qui rendre des comptes, je peux me lâcher et je peux même mentir, inventer, embellir et façonner à ma guise. Et cela fait un bien fou. Car la vérité, c'est que ça fait du bien d'avoir son espace à soi. Au fil des ans, ce blog m'a aidé à structurer mes pensées, à dédramatiser certaines situations, à m'auto-consoler, à jouer avec les mots, à me sentir exister, à évoluer et surtout, surtout, à me remémorer et me souvenir de certains pans de ma vie. Quelques uns de mes anciens posts me font chaud au coeur. Ils me ramènent à l'instant précis où je les avais écrit, à mon spleen ou excitation du moment. Il me revient tout à coup en mémoire la personne que j'étais cette année là et je mesure le chemin parcouru depuis. Il y a des teintes de mélancolie mais dans l'ensemble beaucoup de joie et de liberté même pendant les périodes un peu sombres.C'est très réconfortant de relire des passages d’une vie et de se dire que la seule constante, finalement, est l’état d'esprit pétillant  que l’on entretient année après année, de se redécouvrir soudain mélancolique et positif à la fois.