Thursday 7 October 2010

Ce besoin d'ailleurs

Plus d'une fois j'ai ressenti ce besoin d'ailleurs, de partir, de voyager afin de laisser d'autres horizons me parler. Ce besoin de fuir la réalité mondaine me prenait d'un coup et rien ne me semblait plus essentiel que de faire mes valises et de m'en aller à la recherche de cette herbe plus verte ne fût-ce que pour un court instant.

Oui, il s'agissait bien de fuite mais aussi de rêve, d'inspiration devant être renouvelée, d'air frais qui attendait d'être humé. Las de cette ile et de ses petitesses, de ses médiocrités, de son incapacité à offrir de plus vastes possibilités ou de choix. Fatigué aussi  par moments de combattre les préjugés et  à essayer de comprendre le non-sens profond des choses, il me fallait bien de temps en temps aller respirer un bol d'oxygène hors de mes frontières.

Cependant, le destin s'est vite chargé de me faire comprendre que je n'étais pas fait pour de longs exils. Tout cela n'était qu'un leurre car laisser derrière moi mes habitudes ne m'empêchait pas d'emmener dans mes valises mes angoisses et mes incertitudes. Insatisfaction et frustration, voilà deux mots qui peuvent facilement mener vers la déception au bout du voyage lorsqu'on n'est pas prêt dans son être. Se conditionner ou peut-être même se déconditionner et laisser les choses suivre leur cours, la seule antidote pour calmer un esprit anxieux.

J'ai eu suffisament de chance et de bon sens afin de pouvoir m'arrêter à temps et de me poser les bonnes questions. Une forme de poésie se trouve certes au coeur de toute quête car un voyage c'est avant tout une rencontre avec un lieu et sa réalité douce-amère. Mon récent séjour en Inde par exemple m'aura appris beaucoup plus sur moi-même que je ne l'aurais jamais imaginé.  Il n'y avait aucune démarche  spirituelle attaché à ce voyage mais au delà des paysages fascinants que j'ai découvert, c'est surtout une forme de mysticité qui m'a happée au vol.

Oui, les voyages sont bien féconds. On en revient avec des souvenirs pleins la tête, pas forcément parce qu'on a trouvé ce qu'on cherchait mais précisément parce qu'on en revient surpris.Les impressions se bousculent toujours dans ma chair et certains soirs des senteurs découverts au détour d'une ruelle à Darjeeling reviennent titiller mes narines. Il s'agit d'odeurs réconfortants, tout aussi inconnus que familiers. Toute la compléxité de l'Inde dans un effluve. Il me reste alors ma mémoire pour me rappeler les bons et les mauvais moments. Chaque souvenir contient son charme unique.

Finalement, n'est-ce pas le second voyage qui compte le plus? Celui que l'on se refait dans sa tête une fois à l'abri chez soi, celui que l'on se fait à partir des bribes du premier, seul dans son lit le soir, content d'être de retour parmi les siens. Le trésor est là dans ses souvenirs mais aussi et surtout dans son coeur. Il reste caché à vie afin d'être enjolivé à chaque fois qu'on y repense. Il y a ceux qui oublient leurs souvenirs et il y a ceux qui s'acharnent à les faire revivre encore plus intensément au quotidien en se rappelant de petits détails de rien du tout. J’ai choisi mon camp il y a fort longtemps.

Mes voyages, mes besoins d'ailleurs se font à l'extérieur aussi bien qu'à l'intérieur de moi même.

Vivement le prochain départ.

1 comment:

  1. yo bro you can always come to tana when you feel like. but don't forget your kalashnikov and your bullet proof vest.

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