Aujourd'hui, c'est jour de prière.Les préparatifs sont allés bon train depuis ce matin et l'air semble s'etre illuminé tout à coup. Les mantras et autres chants de devotion ne cessent d'emplir tous les coins et recoins de notre foyer et la fumée provenant des batônnets d'encens danse allégrement dans l'air. Je m'arrête et je regarde ma mère, fasciné. Elle ne fait plus qu'une avec ses prières, je la vois se fondre, se dissoudre dans une espèce d'hypnose qui la projette dans un univers lointain, comme pour échapper à ce monde et à ses incohérences.
Tout, dans cet instant, me parle. Je comprends soudain qu'il y a une finalité dans toute chose. Mes racines, mes valeurs prennent naissance ici, en ce lieu qui a vu grandir quatre enfants et partir un père aimant, un père aimé. Ma mère prie et sa foi intemporelle est un heritage qu'elle fait le choix de nous laisser malgré nous. Il est de ces choses, dans une vie, qui finissent par refaire surface dans vos moments d'égarements, des choses qui vous enracinent dans votre être.
Je n'ai jamais vraiment su prier. Enfant, on me disait, si tu ne sais pas quoi dire à dieu, alors remercie le pour tout ce qu'il t'a donné. Alors, lorsqu'on partait au temple, je lui disais merci par politesse plutôt que par gratitude, comme on dit merci à quelqu'un qui vous offre un bonbon. Ensuite j'ai découvert le bouddhisme et le concept d'un 'non-dieu' a tout de suite fait écho en moi. Aujourd'hui, j'essaie de trouver l'équilibre entre la foi des autres et mes croyances à moi. Parfois, s'installe un grand désordre, un veritable méli-mélo qui brouille les pistes et m'éloigne de mes valeurs. Dès lors, je m'arrête et j'observe les circonstances et j'attends patiemment passer l'eau couler sous le pont.
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