Wednesday 26 June 2019

Le laboratoire


Je passe une journée relativement difficile à mon boulot aujourd’hui. J’écris au présent car la journée est loin d’être terminée et si je ne fais pas une pause, je risque d’être franchement démoralisé.

Une collègue a été renvoyée sans ménagement. Je l’ai emmenée avec moi au bureau ce matin pour qu’au bout de deux heures à peine elle se fasse lapider par la patronne. Elle a quitté le bureau en larmes et je l’ai accompagnée jusqu’au bout de la rue afin qu’elle ne craque pas totalement. Pour lui remonter le moral j'ai essaye d'etre philosophe en lui disant qu’il y a une raison pour tout ce qui nous arrive dans la vie et que cette expérience va lui ouvrir les yeux sur la cruelle réalité de certains environnements professionnels. Au fond de moi, j’avais mal pour elle car c’est relativement humiliant d’être traité de la sorte. D’ailleurs je me demande souvent ce qui se passe dans la tête de certains patrons de traiter des êtres humains avec si peu de considération. Ne pas vouloir les avoir au sein d’une entreprise est une chose, les dévaluer en tant que personnes en est une autre.

En revenant vers mon bureau, je me suis dit que ma présence au sein de cette compagnie dépasse le cadre professionnel car il m’arrive tout le temps de panser les blessures des autres. Peut-être est-ce cela la raison pour laquelle je ne suis pas encore parti? Il faut se rendre à l’évidence que je n’ai aucune raison rationnelle de rester dans ce bourbier. La patronne est volcanique, ne supporte pas d’être contrariée, hurle à tout bout de champ et juge selon ses propres dires qu’elle est ‘incritiquable’ et ‘parfaite’. Elle ne rate aucune occasion pour abaisser son mari en public et fait preuve d’une telle instabilité émotionnelle que c’en est presque pathétique. Devant le triste spectacle auquel elle s’adonne quasi-quotidiennement, je ressens énormément de compassion. Je me dis qu’elle a dû souffrir énormément dans sa vie et que cela ne doit pas être facile tous les jours de vivre dans une insécurité aussi palpable.

Il est vrai que le travail lui meme me plait beaucoup. En sus de jouir d’une certaine indépendance, je maitrise ce que je fais et je ne tombe jamais dans une routine lassante. Je passe des heures à observer les gens autour de moi, à analyser leurs comportements et à essayer de comprendre comment fonctionne ce petit monde qui est a bien des années lumières du mien. Je n’ai pas encore tout saisi mais l’essentiel est la. Le bouddhisme contribue énormément à m'aider à maintenir ma tête hors de l’eau dans un milieu ou mensonges, coups bas, mesquineries, vulgarité font partie de mon lot quotidien. Des regards curieux sont braqués sur moi en permanence car à ne pas parvenir à se faire une idée précise de qui je suis, cela fini souvent par déstabiliser mes collègues. Personne n’a jamais vraiment été là pour les consoler, les conseiller, les guider ou même leur faire un peu la leçon. Eux trouvent cela étrange que quelqu'un ait decidé d'endosser ce role. Il m'est très difficile de ne pas tomber dans une certaine condescendance, moi qui suis issu d’un environnement structuré et bienveillant. Je trouve cela egalement bizarre que j’aie à me battre contre moi-même afin de rester humble. Je pense que c'est le point de depart de tout si je fais le choix d'aller plus loin dans la compréhension de la nature humaine.

On dit souvent que le lieu de travail est un laboratoire qui regorge de formules de toutes sortes, un endroit qui vous force à revoir votre vie a chaque moment qui passe car vous y passez les plus longues heures de votre journee. 

Je n'ai vraiment pas le moral aujourd'hui...pfffffff



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